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voyage au pays des brahmes.

Bedjapour envoyèrent des ambassadeurs à Albuquerque pour le féliciter et lui demander son alliance et sa protection.

L’éternelle lutte avec Calicut s’était terminée par la soumission du nabab, qui dut laisser bâtir à ses ennemis un fort qui commandait Calicut, et, pour comble d’humiliation, il fut forcé de livrer l’artillerie de sa propre capitale pour l’armement de ce fort.

Pendant ce temps-là, une flotte détachée allait fonder un comptoir aux Moluques.

Au faîte de la gloire et de la puissance, Albuquerque, à qui on ne saurait refuser sans injustice une extraordinaire intelligence, comprit qu’il était impossible de rien fonder de durable avec le pillage et les massacres en masse, et changea de ligne de conduite ; il s’appliqua avec une main de fer à réprimer les vols, les vices de tous genres de ses compatriotes, rétablit l’ordre dans une administration tellement corrompue qu’il avait été obligé d’en renvoyer les principaux chefs en Europe, il raffermit également la discipline militaire et se montra jusqu’à la fin de son administration si prévoyant, si sage, si humain pour les Indous que ces derniers, dans la vénération qu’ils conservèrent pour sa mémoire et ses vertus, longtemps après sa mort, allaient à son tombeau pour lui demander justice des vexa-