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canons et les objets pesants qu’il ne put emporter avec lui. Ses cavaliers le suivirent, les fantassins montèrent dans des barques et se dirigèrent vers le Caire. Cette nouvelle fit mauvaise impression dans la capitale.

Ibrahim bey se rendit immédiatement à Boulaq et réunit en conseil le pacha, les ulémas et tous les cheikhs. Ils discutèrent cette nouvelle alarmante et décidèrent que des retranchements seraient élevés depuis Boulaq jusqu’à Choubrah et qu’Ibrahim bey resterait à Boulaq avec ses troupes.

Depuis le départ de Mourad bey du Caire, les ulémas se réunissaient tous les jours à la mosquée d’El Azhar et lisaient le livre de Bokhari pour le succès des Egyptiens. Les cheikhs des sectes Ahmadiah, Rifayïa, Ibrahimïa, Quadrïah, Saadïh, s’assemblaient aussi dans cette mosquée et faisaient des invocations à Dieu. Les écoliers en faisaient autant dans les écoles.

Le lundi, Mourad bey vint à Imbabah ordonner d’y construire des retranchements jusqu’à Bachtil ; il dirigeait lui-même les travaux avec le concours d’Aly pacha, de Nassouh pacha et des autres officiers. Il fit réunir sur la rive, auprès du village, tous les grands bateaux qu’il avait fait construire à Djizah ; il y plaça des soldats et des canons, de sorte que les deux rives du fleuve étaient couvertes de canons et de combattants à cheval et à pied.

Tous ces grands préparatifs ne rassurèrent point les hommes riches de la ville. Dès l’arrivée des premières nouvelles d’Alexandrie, ils avaient commencé à transporter à dos d’animaux tous leurs trésors dans des maisons cachées ou dans les villages. Grand nombre d’entre eux se disposaient aussi à fuir.

À la vue de toutes ces précautions prises par les riches, les pauvres s’effrayèrent davantage encore, et si l’autorité n’était intervenue, personne ne serait resté dans la ville.

Le mardi, on sonna les trompes pour inviter les habitants à sortir de la ville et à se rendre aux retranchements de Boulaq.