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LE TOUCHER MUSICAL

des claviers de rechange qui, à volonté, s’adapteraient au même instrument.

Nous disons que toutes les mains pourraient être considérées comme harmonieuses, parce qu’il y a une analogie entre les intervalles dont se compose le système musical et la structure de la main.

Nos dix doigts forment deux unités de cinq doigts ; le pouce étant considéré comme le premier doigt, on désigne les autres, dans le langage courant, par les chiffres successifs de 2e, 3e, 4e et 5e doigt, comme on désigne, en musique, les rapports des sons successifs par intervalles de seconde, tierce, quarte, quinte. Ces intervalles s’étendent, il est vrai, jusqu’à l’octave, et les octaves s’ajoutant les unes aux autres forment, au nombre de huit, la largeur totale du clavier. Mais par le fait d’écarter les différents doigts, les dimensions de la main s’étendent généralement aisément jusqu’à l’octave, et au delà, et, par le fait d’écarter les bras, chacune des deux mains atteint facilement les octaves successives jusqu’aux octaves extrêmes.

À ces divisions de la structure de la main correspondent des divisions infiniment multiples des sensations acquises sous l’influence des variétés de la tension musculaire et de la localisation du toucher. Car de même que les intervalles musicaux correspondent aux modifications du nombre de vibrations, de même les attitudes des doigts dans l’exécution des intervalles correspondent à des combinaisons de sensations dans lesquelles subsiste une harmonie de nombres qui nous est inconnue, mais que nous