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L’UNITÉ DES PHÉNOMÈNES CÉRÉBRAUX

quer cette allure uniforme au regard, il se fait un changement frappant dans les sensations visuelles : il semble qu’on continue à voir la forme circulaire par l’espace qu’elle occupe, mais qu’on cesse de comprendre l’image parce que le rythme communiqué au regard ne concorde plus avec elle. On voit la forme exister dans l’espace, on ne la sent plus exister dans le temps. Il y a négation mutuelle entre les deux représentations de l’espace et du temps.

Les différences rythmiques dans les évolutions en sens contraire

Si, au contraire, on laisse le regard parcourir cette ligne circulaire sans diriger son rythme, il s’établit des vitesses différenciées nettement évolutives, c’est-à-dire que dans chaque parcours le regard ralentit graduellement sa marche dans la montée et l’accélère ensuite graduellement dans la descente, de sorte qu’on ne voit pas seulement la forme dans l’espace qu’elle occupe, mais on la sent, on la calcule dans le temps ; il y a fusion entre la représentation du rythme dans le temps et la représentation de la forme dans l’espace. On constate même qu’à cette seule forme dans l’étendue correspondent deux rythmes distincts dans le temps, car non seulement la vitesse du regard est variable pendant chaque parcours total, mais le regard peut effectuer deux genres d’évolutions : celle où la vitesse s’accélère et se ralentit graduellement lorsque l’orientation se fait de droite à gauche (parcours a, b, c, d, fig. 2), et celle où la vitesse s’accélère et se