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L’ÉDUCATION DE LA PENSÉE ET LE MOUVEMENT

ment qui est dans les mouvements exécutés. Si nous avons dit du mouvement contrôlé par la pensée qu’il peut, pendant sa durée, toujours être accéléré, ralenti ou arrêté, c’est que c’est précisément par le principe évolutif du mouvement que le contrôle de ce mouvement est rendu possible. Le mouvement uniforme qui ne se transforme pas, peut donc être considéré comme un mouvement réellement non contrôlable, comme un mouvement inerte, sans signification, sans vie, et identifié avec la force d’inertie que le musicien doit, lui aussi, combattre dans ses fonctions manuelles.

Mais cette force d’inertie qui est dans le mouvement uniforme existe aussi dans la mesure uniforme de l’écriture musicale ; au contraire, comme on le verra par la suite, la transformation rythmique inhérente aux mouvements cérébralisables correspond à la transformation que la pensée du musicien communique aux mesures uniformes de l’écriture musicale.

L’inertie des mesures uniformes de l’écriture musicale. Transformation de cette uniformité par la pensée du musicien.

On peut dire qu’il est aussi impossible de penser dans l’interprétation musicale, à travers des mouvements dont la vitesse reste uniforme, que de penser musicalement à travers les mesures régulières telles que les fixe l’écriture musicale.

Comme chacun le sait, les valeurs des notes, telles que les signes de l’écriture musicale les définissent, ne sont en réalité qu’une approximation convention-