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L’UNITÉ DES PHÉNOMÈNES CÉRÉBRAUX

Si l’on analyse attentivement ce qui se passe pendant l’exécution de ces genres de mouvements à vitesse soi-disant uniforme, on constate qu’il se produit, dans les parcours tracés, des arrêts involontaires de la pensée.

L’inertie dans le mouvement uniforme non cérébralisable ; le caractère évolutif des mouvements cérébralisables.

Quelque effort qu’on tente, on est incapable de penser sans intermittence un mouvement qu’on cherche à rendre complètement uniforme. Ces arrêts caractéristiques des fonctions mentales indiquent que le mécanisme de la pensée est entravé par le mécanisme qu’on cherche à communiquer au mouvement. Au contraire, dès qu’un mouvement semble se diriger vers un but par une allure légèrement accélérée, la pensée s’identifie avec lui ; elle circule librement, le mouvement et la pensée semblent se compléter.

Le même phénomène de fusion peut se retrouver sous l’influence d’un mouvement légèrement ralenti, comme si l’on s’écartait d’un point d’attraction ; mais ce ralentissement entraîne en général un amoindrissement graduel d’excitation qui rend plus malaisée l’analyse de la transformation inhérente à ce mouvement.

En réalité le principe esthétique du rythme musical doit se retrouver dans la transformation rythmique constante, inhérente à chaque mouvement artistique, même au moindre. En somme l’action artistique n’est définissable qu’à travers le mouve-