Page:Jaëll - L’intelligence et le rythme dans les mouvements artistiques, 1904.pdf/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
L’ÉDUCATION DE LA PENSÉE ET LE MOUVEMENT

C’est grâce à l’emploi des mouvements qui restent sous le contrôle continu de la pensée que la vitesse d’un mouvement peut toujours, comme elle le doit, être mise en accord, par un calcul proportionnel, avec la durée totale assignée au mouvement. C’est parce que ce contrôle nécessite un effort de pensée continu qu’on peut arriver à adapter le rythme d’un glissé à la durée du son qu’il doit transmettre, le rythme d’une courbe tracée au-dessus du clavier à la durée du silence dont elle est l’image figurée.

Le mouvement contrôlé qui permet d’établir la fusion la plus intime entre la division de l’espace et celle du temps devrait non seulement servir de base à l’enseignement du piano, mais aussi à l’enseignement de tous les instruments de musique.

Cet enseignement fait constater qu’il n’y a, pour ainsi dire, pas de limites au perfectionnement à acquérir dans la divisibilité de l’espace par rapport à la forme et à la durée des mouvements artistiques. Car par l’affinement progressif des sensations et des mouvements, la pensée divise l’espace à travers des quadrilles de plus en plus serrés, de sorte que l’espace, par la progression de la divisibilité, paraît s’affiner indéfiniment pour la pensée qui gouverne les mouvements, comme les mouvements paraissent s’affiner indéfiniment par la finesse croissante des sensations qu’ils provoquent.

L’éducation du mouvement artistique chez l’enfant et chez l’adulte.

Son aptitude si spéciale pour la coordination des mouvements assure à l’enfant une supériorité incon-