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RÔLE DE L’ESPACE ET DU TEMPS

La totalité de ce champ d’action mental, délimité dans l’espace, s’étend à peu près à 113 centimètres pour la largeur du clavier, sur 15 centimètres pour la longueur des touches, et à 30 à 40 centimètres en hauteur pour l’espace supplémentaire.

C’est donc en trois directions différentes que le calcul des mouvements doit se faire : à l’aide de ce calcul, le déroulement des mouvements doit s’opérer comme si le clavier, aussi bien que l’espace supplémentaire en hauteur, était rendu divisible en un quadrillé cubique à divisions minuscules servant de trame à la marche de la pensée : grâce à cette fusion de la division de l’espace et de la division du temps, le pianiste arrive à tracer des graphiques dont l’écriture musicale règle en quelque sorte la forme et la durée.

Notons en passant que dans l’étude habituelle du piano, l’enseignement ne s’étend, en dehors de l’abaissement et du relèvement du doigt par lequel la touche est enfoncée et relevée, qu’à un seul espace : la largeur. Dans ces conditions, l’absence des phénomènes mentaux chez l’élève s’explique d’elle-même.

Divisibilité de l’espace et du temps au moyen du calcul des mouvements.

L’unité du temps doit apparaître à la pensée de l’élève à travers la divisibilité multiple des mouvements, comme l’unité des mouvements doit lui apparaître à travers la divisibilité multiple du temps. C’est à cette condition que sa pensée restera en marche pendant l’étude et, par suite, qu’un état de conscience artistique se formera.