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LE TOUCHER CONTRAIRE

processus physiologiques, parce qu’elle fait naître d’autres processus psychologiques.

Et corrélativement à cette transformation du redressement et de l’abaissement des doigts, les pressions en sens inverse suggèrent l’idée d’une autre atmosphère interne ; atmosphère aussi différente de celle qu’on connaissait que l’atmosphère externe réelle de celle dans laquelle semblent se transmettre les mouvements en sens inverse.

En somme, sous l’influence de cette forme manuelle complémentaire, on se sent transformé comme si n’ayant connu et utilisé que les gros ressorts de son activité fonctionnelle, on en découvrait de petits qui soudain dévoilent un perfectionnement ignoré. On pourrait dire que ce perfectionnement se produit chaque fois que nos pressions manuelles allant en hauteur et en profondeur se pénètrent de manière à faire disparaître dans une certaine mesure de notre conscience l’idée de distance et l’idée de matière, pour les remplacer par la conception d’une nouvelle force qui n’est que mouvement.

On peut certainement reprocher aux idées exposées ici sous une forme bien sommaire, qu’elles sont toutes écloses du bout de mes doigts : mais c’est dans cette base physiologique qu’en semble résider la valeur.

Je me suis fait une éducation spéciale à la recherche d’une définition scientifique du toucher musical, mais à mesure que j’avançais dans cette éducation, ce n’est pas seulement mon toucher musical mais toutes mes perceptions qui se sont