Page:Jaëll - L’intelligence et le rythme dans les mouvements artistiques, 1904.pdf/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
LE TOUCHER CONTRAIRE

dans les représentations visuelles. La position complémentaire défavorable produit les effets inverses ; c’est-à-dire des sensations et des perceptions en écho.

Mais une lacune très tranchée s’établit dans toutes les attitudes, complémentaires ou autres, que les deux mains peuvent prendre : on est dans l’impossibilité absolue de se représenter une fusion entre deux doigts qui ne correspondent pas.

Ainsi, après avoir provoqué la fusion intense des sensations complémentaires, le désir de me représenter deux doigts non correspondants produit d’abord une espèce d’obnubilation ; on ne sait pas du tout ce qu’on veut ; les deux cerveaux sont désunis ; ils cherchent à accomplir leur besogne séparément, et lorsque finalement les deux doigts que je cherche à me représenter prennent forme dans l’imagination, je constate que ces représentations ne peuvent se faire qu’en écho. Ainsi, dans la pensée, les deux doigts ne se rapprochent pas, ils s’ignorent comme les deux hémisphères cérébraux se sont ignorés, lorsque le désir de cette image s’est formulé.

Les associations visuelles des doigts complémentaires émanent sans doute d’un phénomène rythmique, car si le perfectionnement de la vue et de la pensée qui se manifeste par la vue en sens contraire et par la pensée en sens contraire, correspond au rythme, c’est que la vue et la pensée ne circulent librement que par la faculté de voir, de sentir réuni ce qui, à nous, paraît séparé. Mais cette faculté d’union, c’est le rythme !

En effet, le toucher contraire est la révélation de