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CHAPITRE IX

LE TOUCHER CONTRAIRE


Le centre de gravité externe et interne dans le toucher sphérique.

Il m’arrivait autrefois de fixer longuement le regard sur les efforts continus de ces moustiques aquatiques qui, entraînés constamment par le courant de l’eau sur laquelle ils se posent, sont forcés de marcher en sens inverse de ce courant pour pouvoir rester en place. Cette image, me disais-je, correspond à l’inutilité de mes propres efforts continus.

La situation des êtres humains, par rapport à la sphéricité de la terre m’apparaît aujourd’hui dans un contraste frappant avec celle de ces genres de mouches par rapport au courant de l’eau ; je vois que malgré tous les déplacements que nous pourrions opérer, chacun de nous restera toujours dans le même milieu visuel dont il ne peut se dégager.

C’est-à-dire que si, au lieu de se tenir sur la terre ferme, il se trouvait placé sur un océan illimité pour le regard, chacun de nous constaterait que circulairement autour de lui, les navires perçus à la limite de l’horizon se raccourcissent peu à peu à leur base avant de disparaître.

C’est à ce fait réel que je voudrais rattacher un