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LE TOUCHER SPHÉRIQUE

cette découverte même semble en quelque sorte reliée à l’harmonie fonctionnelle de notre mécanisme sensitif. La perspective des réalités externes ainsi que celle des réalités internes semblent se manifester comme si les mêmes forces étaient en jeu, comme si le discernement de toute chose reposait sur une base unique.

Du reste, pourquoi ne pas admettre que si, dans le monde visible, rien ne peut subsister dégagé de ces lois, dans le monde de la pensée il n’en soit de même ?

Pourquoi les grandes œuvres d’art, dans lesquelles des génies créateurs se sont incarnés, paraissent-elles aussi impérissables à l’esprit humain que l’immensité de l’espace visible au regard humain ?


Je dois reconnaître que toutes ces conceptions neuves qui hantent ma pensée, se ramènent à un fait précis : c’est par la transformation des attitudes de mes doigts que je suis arrivée à transformer ma vue, de manière à percevoir à travers tous les mouvements que je fais et que je vois faire aux autres, des rapports que je n’avais jamais vus. Ces rapports nouveaux que je perçois déterminent un fait nouveau : tous ces mouvements me paraissent influencés par les lois universelles répandues dans l’espace, influence dont on ne peut les dégager sans cesser de les concevoir.

Dans ces conditions, nécessairement, mon intelligence m’apparaît sous l’influence des mêmes lois que mes mouvements. J’admets d’autant plus l’exis-