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LE TOUCHER SPHÉRIQUE

aussi faible qu’il soit. Nous ne jouerions pas du piano si nos pulpes étaient carrées.

Proportionnalité des sensations de tous les doigts transmise par le timbre d’un seul son.

Nous avons vu, page 117, que si, pendant la discrimination de quatre touchers différents réalisés simultanément par les quatre derniers doigts, le 5e doigt est maintenu dans l’eau froide, on a l’impression de toucher avec ce doigt des sphères décomposées au lieu d’en toucher une seule. En effet, l’état de la sensibilité des autres doigts se reflète dans les sensations de ce doigt et les trouble.

Un phénomène du même genre réside dans la proportionnalité des sensations de tous les doigts, dont se compose le timbre d’un seul toucher. En effet, on n’arrive à graduer le timbre de la sonorité d’un seul doigt avec la précision voulue que si l’on est capable d’analyser la part respective par laquelle l’attitude ou le mouvement de chacun des autres doigts participe à ce timbre.

Le timbre de la sonorité qu’on attribue à un don, et la virtuosité qu’on attribue à un automatisme acquis par la répétition prolongée des mêmes mouvements, correspondent en réalité l’un et l’autre à des phénomènes cérébraux transcendants dès qu’ils s’adaptent à l’expression artistique, c’est-à-dire dès qu’ils sont, sous les plus petites influences perceptibles, en constant état de transformation.

On croit à la puissance de l’automatisme parce que l’on considère le jeu des doigts comme provenant de phénomènes moteurs uniformes ; on croit au don