Page:Ivoi Les cinq sous de Lavarède 1894.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
LES CINQ SOUS DE LAVARÈDE

— Pourquoi la tendresse, si la mort ? Pourquoi la mort, si la tendresse ?

Le huitième jour, elle voulut voir Lavarède. Puisque son épingle en fleur de lotus apaisait les masses, il fallait essayer son pouvoir sur les fonctionnaires. Avec sir Murlyton, très affecté par les derniers événements, elle se rendit à la prison.

Mais toute son éloquence se brisa contre la passivité de Chun-Tzé. Le directeur ventru se retrancha derrière les ordres du Ti-Tou ; tout ce qu’il pouvait faire était de permettre à la jeune dame d’écrire au prisonnier. Il lui porterait la missive et reviendrait avec la réponse.


Pour vous répondre mes poings se formeront.

Diamba, naturellement, servit d’interprète. Sur l’ordre du directeur, elle demeurait à la prison afin que le captif pût causer avec une personne parlant sa langue. Nul ne remarqua l’attention avec laquelle la Chinoise considéra l’Anglaise ; mais après le départ de la visiteuse, elle alla s’asseoir dans la chambre d’Armand, et de sa voix concentrée :

— Elle est belle, ta fiancée, murmura-t-elle.

Et comme Lavarède tressaillait :

— Elle est jolie, continua l’enfant, et son âme est à toi.

Ce fut tout. Dans ces simples paroles tintait comme une tristesse rési-