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LA SOURCE QUI PARLE


Depuis trois jours les prisonniers n’avaient point mangé. Ils étaient étendus sur les nattes, sans mouvement. Ils avaient franchi la première phase de la faim : celle où l’on souffre, celle où l’on a conscience du travail à vide de l’estomac.

Dans la nouvelle phase qui commençait, les sécrétions gastriques se ralentissent. L’usure des organes, que l’alimentation n’a point réparée, s’accuse par un affaiblissement de la circulation, une fatigue générale accompagnée d’un léger abaissement de température. La normale n’est plus de 37° centigrades, elle tombe à 36°, puis à 35° et enfin à 34°. Cette dernière est l’annonciatrice de la mort prochaine.

Les prisonniers n’en étaient qu’au début de cette gradation descendante ; mais déjà leur énergie s’atténuait, se fondait dans une invincible répugnance au mouvement.

De temps à autre, Lobster geignait piteusement.

Dodekhan, ni Lucien, ne prononçaient une syllabe.