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MISS MOUSQUETERR.

ce rocher, le soir du second jour, ce soir. Plus d’antenne, impossible à eux de téléphoner.

— Mais ont-ils au moins atteint leur campement ?

— Nous l’allons voir.

Lentement, le pic semble monter dans le cadre du téléphote. Il s’élargit, couvre tout l’écran, faisant glisser, sous les yeux avidement fixés sur la toile, ses pentes rougeâtres, grises, jaunes, avec des plaques de neige demeurées sur les parties les moins déclives.

Une fumée monte sur l’écran. Un mouvement encore, et un feu pétille. Les deux hommes se serrent les mains, une joie infinie dans les yeux :

— Eux !

Eux, oui, eux ; ils sont là, tous autour du foyer, blottis sous une anfractuosité de la roche.

Les prisonniers les reconnaissent. Mona, la duchesse, Max, miss Mousqueterr, avec les panthères noires, décidément apprivoisées, étendues à leurs pieds.

Puis, deux silhouettes menues pénètrent sur l’écran. Master Joyeux et miss Sourire. Les gamins racontent une chose qu’hélas ! les captifs ne peuvent entendre. Ils parlent avec de grands gestes, désignant le haut du pic.

— Que disent-ils donc ?

Mais Joyeux tend à Max Soleil un objet de petite dimension ; Dodekhan, Lucien s’écrient en même temps :

— Le parleur !

Ils savent maintenant ce que disaient les gamins. Ils ont gravi le rocher, munis du parleur, pour le ficher dans l’antenne du sans fil et se mettre en communication avec les reclus du Réduit Central. Ils redescendent sans avoir pu réaliser ce projet.

L’antenne a disparu comme le poste R.

Sur les visages des compagnons des petits se marquent l’étonnement, l’inquiétude. Tous s’entretiennent avec animation. Et, oublieux de leur propre situation, le duc et Dodekhan interrogent les traits aimés, cherchant à deviner les paroles prononcées.

Que dure cela ? Depuis combien de temps sont-ils absorbés dans cette contemplation ? Ils l’ignorent. Un ricanement sinistre les rappelle à la réalité.

Qu’est-ce ? Ils regardent. Dans le temple, à travers la baie d’accès, une silhouette géante se découpe. Un homme est là, qui fixe des regards ardents sur l’écran, un homme qui a surpris le secret du téléphote. D’un geste brusque, Dodekhan abat les leviers, rend à l’écran sa teinte grise.