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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

Son interlocuteur le considéra avec embarras.

— Nous répondrions, n’est-ce pas ? insista le duc.

— Sans doute.

— Et pour que ce poussah ne notât pas notre conversation, je crois que nous ferions bien de le ligoter, bâillonner, aveugler et assourdir, comme le jour où nous avons eu le déplaisir de faire sa connaissance.

— Si bien que ?

Lucien regarda son compagnon en face.

— Nous avons dîné. Cet importun semble faire exprès de ne pas s’endormir. Et moi, j’ai hâte de demander à l’écran le mot de l’énigme qui me tenaille. Vous avez beau affecter le calme, Dodekhan, vous êtes aussi anxieux que moi.

— Je l’avoue.

— Alors, pourquoi hésiter. Quelques tours de corde sur ce gros homme, une couverture lui enveloppant bien la tête, et nous serions libres d’interroger le téléphote, de savoir la cause du mutisme de Sara, de Mona. Peut-être n’est-ce rien ou presque, un incident de route sans importance. C’est absurde de se laisser mourir d’inquiétude.

— Nous ferons donc ainsi que vous le désirez, mon cher Lucien, et je le désire aussi vivement que vous.

L’Anglais considérait les jeunes gens avec défiance.

Comme ils s’avançaient vers lui, il se mit en défense, dans l’attitude classique du boxeur saxon. Précaution inutile. Lucien braqua sur lui le revolver enlevé au gentleman par l’électro-aimant, et du ton le plus aimable :

— Ne vous émotionnez pas, brave Monsieur Lobster. Mes intentions sont amicales. Je n’appuierai sur la gâchette qu’au cas où vous tenteriez de lutter contre mon ami Dodekhan.

Naturellement, cet avis ne rassura pas l’interpellé.

— Que me voulez-vous encore ?

— Presque rien. Vous éviter de surprendre un secret dangereux.

— Je ne demande pas vos secrets, bougonna l’Anglais d’un ton rogue.

Le duc se fit plus aimable encore.

— Votre discrétion nous est connue, cher Monsieur. Aussi prenons-nous nos précautions uniquement contre un hasard malencontreux, lequel nous obligerait à vous supprimer.

— Me…

— Vous avez bien compris. Laissez-vous donc ficeler de bonne grâce. John fut tenté de lutter. Mais Dodekhan s’approcha tenant en mains