Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
424
MISS MOUSQUETERR.

Tous se retournèrent vivement, plongeant leurs regards dans la fente que le gamin désignait du doigt.

Il ne les avait pas trompés. Remplissant l’écartement de deux des énormes pierres formant l’édifice naturel sous lequel la petite troupe s’abritait, les voyageurs reconnaissaient la caisse de chêne enfermant la « gamme » des tubes de lumière colorée.

Sans se faire part de leurs pensées, chacun avait plus d’une fois déploré la perte de cet « arsenal lumineux ». Une joie intense les envahit à le savoir là, à portée de la main. Mais ils sursautèrent en entendant le gamin déclarer :


— Nous enterrerons ce coffre sous les pierres pour le retrouver plus tard.

— Pourquoi l’enterrer ?

— Parce que nous ne possédons pas de yaks et que nous ne pouvons nous charger de pareil poids.

Les auditeurs de Joyeux baissèrent la tête. L’argument était sans réplique.

— Seulement, continua le petit, puisque les tubes violets et indigos donnent la mort, nous les partagerons. Ces armes inaccoutumées n’inspireront aucune méfiance à nos adversaires. Ils sont peut-être deux cents ; nous sommes huit, en comptant nos braves panthères. Elles se chargeraient bien d’une vingtaine de ces serviteurs de San ; mais après ?

Il exposait cette situation avec la plus absolue tranquillité. On n’eût point supposé que ce gamin maigre, à la taille exiguë, songeait dans ces conditions à engager la lutte contre les Graveurs de Prières, si supérieurs numériquement.

— Donc, poursuivit imperturbablement le fidèle de Dodekhan, la ruse s’impose. L’on dit que la ruse est agréable aux enfants, aux femmes ; Sourire et moi l’avons reconnu par l’expérience.

La fillette approuva d’un geste mutin.

— La ruse donc nous protégera. Nous allons nous diriger vers le poste A. Nous nous y présenterons.