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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

Ils se souviennent, de la lettre d’adieux laissée par la blonde Slave. D’une minute à l’autre, elle peut être découverte, cette lettre, que personne n’aurait eu le courage d’empêcher Mona d’écrire. Et la peur d’être pris les talonne. Tous pressent le pas dans les traces des gamins. Ceux-ci ont pris par la main la duchesse et la fille du général Labianov. Ils les guident, leur signalent les aspérités du chemin.

Autour de la petite troupe, Fred et Zizi bondissent. Les panthères sont joyeuses. Elles se lutinent, se poursuivent, se perdent dans l’ombre, puis en jaillissent brusquement. Des montagnards les prendraient pour des gilds, pour des lutins des plateaux.

Et l’on monte, l’on descend, pour remonter encore.

Tout à coup à quelque distance, une légère lueur rougeâtre se montre. Sara retient Joyeux qui s’est fait son conducteur.

— Quoi ? questionne le gamin.

— Un feu là-bas.

— Oui, le nôtre. C’est là que nous allons.

La marche est reprise. On contourne un amoncellement de rocs énormes que l’on supposerait entassé par la main de géants. Une sorte de chambre a été réservée au centre de l’amas, un feu clair y brille, au-dessus duquel ronronne une marmite.

— Mais c’est une véritable installation, s’écrie joyeusement la duchesse, seulement, master Joyeux, ne crains-tu pas que la flamme attire quelques rôdeurs ?

L’interpellé rit silencieusement.

— Des soldats de San ? prononce-t-il avec une indicible ironie.

— Précisément.

— Ne vous inquiétez pas, Madame la duchesse. Ils sont loin d’ici. Ils courront jusqu’à ce qu’ils tombent, ils ont cru que les génies de la montagne les frappaient de leurs lances de feu. San ne les réunira plus jamais.

En quelques mots, le petit vient d’expliquer la panique qui a dispersé les survivants des bandes de San.

Avec leur propension au merveilleux, leur ignorance scientifique absolue, les combattants rassemblés autour du camp européen, ont attribué aux esprits de la nuit les manifestations électriques que leur intellect ne pouvait comprendre.

Ce sont les Génies qui les ont battus, dispersés, exterminés. Dès lors, les Génies n’approuvent pas les projets de San. Ils protègent les gens d’Europe, dont San voulait la destruction. Ils se sont retournés contre l’athlétique Graveur de Prières. Ils lui ont refusé obéissance. Ils l’ont abandonné. Et par-