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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

— Bonjour, Fred, bonjour, Zizi. Pas de ronrons éclatants, mes chéries ; la prudence est de rigueur. Le plus fort est fait ; mais nous n’avons pas fini.

Les fauves semblaient le comprendre. Ils se courbaient, s’arcboutaient sous ses caresses, mais ne poussaient aucun de ces rauquements satisfaits dont leurs congénères ne sont point avares en pareil cas.

Cela dura quelques minutes. Le gamin s’étendait sur les nattes amoncelées au centre de la tente, quand le panneau d’étoffe servant de porte se souleva, livrant passage à miss Sourire.

— Toi, s’exclama master Joyeux.

Elle rit silencieusement.

— Oui, Dog-Nin s’est éveillé. Et il m’a secouée, il m’a grondée, en disant qu’il était absurde à un rat comme moi de dormir en plein air, quand on peut s’abriter sous une bonne tente de feutre.

— Il n’a eu aucun soupçon ?

— Non, non. Ces guerriers si hauts sont moins défiants que les rats. Il est convaincu que je ne me suis pas aperçue de son sommeil sous les armes. Ce n’est pas lui qui nous trahira, sois tranquille.

Mais changeant de ton.

— En revenant, je me suis aperçue que l’on harnachait les yaks.

À ces mots, Joyeux se dressa sur son séant :

— Les yaks ! Alors l’envoyé de San et son escorte ne vont pas tarder à partir.

— Je le crois.

— C’est vrai. Il faut arriver auprès des soldats d’Europe avant qu’ils aient levé le camp.

Le gamin se mit sur ses pieds.

— En ce cas. Il faut guetter. Eux partis, le poste B doit disparaître. Soit ! je dormirai une autre nuit.

Miss Sourire ne s’était pas trompée. De sourdes rumeurs couraient dans le campement.