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MISS MOUSQUETERR.

— Exécutés.

— Comme ça ?

— Oui. J’ai ouvert la caisse de Stittsheim. J’ai pris un tube bleu. Et puis, je suis sortie de la tente ; j’ai gagné le feu près duquel était en sentinelle Dog-Nin.

— Ah oui ! le grand Graveur de Prières qui nous appelle les rats, à cause de notre taille chétive.

— Lui-même. J’étais très émue, mais il ne l’a pas vu, très émue, tu comprends. Si le tube n’avait pas agi, tu n’aurais pu à la fois rentrer au camp sans être vu, et cacher le bateau.

— Et il a agi ?

L’accent du petit trahissait une curiosité aiguë. Sourire répliqua :

— Oui. Il a agi.

— Le Maître avait raison.

— Il a toujours raison. Tandis que Dog-Nin tournait la tête, j’ai dirigé la petite lueur bleue sur son crâne.

Elle s’arrêta un instant.

— Achève, achève, gronda l’organe impatient de Joyeux.

— Eh bien, il s’est, affaissé tout doucement sur le sol. Il dort depuis ce moment. Mais ne perdons pas de temps ; rentrons au camp. À son réveil, il doit me retrouver seule devant son feu.

Les deux enfants se prirent aussitôt par la main et filèrent rapidement dans l’obscurité brumeuse. Bientôt, un rougeoiement tremblota devant eux. Leur démarche se fit plus circonspecte, mais leurs précautions leur apparurent immédiatement inutiles. Auprès du foyer un grand corps gisait sur le sol.

— Dog-Nin, susurra Sourire.

Le guerrier dormait profondément. Il avait laissé échapper sa carabine qui s’allongeait dans l’herbe auprès de lui.

— Va, murmura encore la fillette en se glissant devant le foyer où elle fit mine de s’endormir.

Joyeux ne se fit pas répéter l’invitation.

Ainsi qu’une ombre, il traversa en courant la zone éclairée, puis disparut dans le manteau de brume couvrant le camp.

Il avait franchi la ligne des factionnaires sans avoir été remarqué. Deux minutes plus tard, il se coulait sous la tente de feutre réservée à lui et à sa petite compagne.

Deux panthères noires, sveltes, souples, câlines, bondirent auprès de lui. Il les caressa doucement.