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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

— Au milieu… ? Le peux-tu vraiment ?

— Le brouillard du lac jamais glacé rend aveugles vos ennemis.

— Êtes-vous prêts ?

— Oui, murmurèrent-ils.

— Munissez-vous de fourrures, car, hors du brouillard, le froid est terrible.

Des bruissements, des froufrous indiquèrent que l’on suivait le conseil du gamin.

— Maintenant, suivez-moi à la file, et pas de bruit. La brume porte le son mieux que le temps clair. Si nos ennemis avaient le moindre soupçon, nous serions perdus. Le Maître lui-même ne pourrait nous sauver.

Le Maître lui-même ! Ces mots firent frissonner les voyageurs, en ramenant leur pensée sur les dangers de leur situation, un instant oubliés.

Leur prison occupait le centre d’un cercle de feux auprès desquels des sentinelles veillaient, les yeux fixés sur la chaumière enveloppée de brouillard.

La fuite leur sembla un mythe, et peut-être eussent-ils perdu un temps précieux à interroger encore master Joyeux ; mais déjà celui-ci s’était glissé au dehors, et le vent froid entrant, par la porte ouverte les invitait à suivre le gamin.

Max saisit miss Violet par la main. Sara et Mona enlacées suivirent.

Le seuil est franchi. Dans la brume qui impressionne leurs visages ainsi qu’une buée tiède, ils distinguent confusément une grêle silhouette mouvante.

C’est leur guide.

Il va d’un pas silencieux. On croirait qu’il glisse sur l’herbe. Ses contours rendus imprécis par le brouillard ont quelque chose d’insolite, d’extra-humain.

Tous marchent cependant sur ses traces, avec l’impression troublante qu’un lutin de la nuit les entraîne vers un but inconnu.

Ils vont, posant lentement les pieds, frissonnant aux sons qui leur rappellent la proximité du campement de leurs ennemis : murmures de conversations, appels des factionnaires, craquements du combustible des foyers.

Mais leur guide a fait halte. Il arrête brusquement la petite troupe. Pourquoi ? Parce que l’on a atteint le bord du lac. L’eau est là, à leurs pieds, perfide, à peine distincte de la brume qui la voile. Mais cette tache plus sombre, là, à un mètre de la rive, qu’est-elle donc ?

Comme pour répondre à la question pensée, Joyeux se livre à des gestes