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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

violent, puisant du courage dans l’excès même de son désespoir, il poussa la porte.

Il s’arrêta sur le seuil, stupéfait, hébété. Un courant d’air frais, presque froid, avait frappé son visage.

De l’air frais au beau milieu de cette maudite mer Rouge ; la souffrance avait été trop grande. Il devenait fou.

Mais une douce musique se fait entendre.

— M. Max, murmure un organe doux, argentin.

Violet est à demi soulevée sur sa couchette. Est-ce une illusion, son visage a repris son teint normal, ses yeux purs ont perdu leur éclat fébrile. Elle parle encore :

— C’est notre chère folle qui m’a sauvée.

Sa main fine se tend vers un coin de la cabine. Le romancier suit le geste du regard. Là, près du hublot, il y a une plaque métallique dressée sur un escabeau. En face sont des tubes, rangés en batterie comme de minuscules pièces d’artillerie, et qui couvrent la plaque de leurs rayonnements vert émeraude.

Ah ça, il a la berlue. Il croit voir des glaçons sur la surface du métal. Des glaçons, quand la température est de cinquante-sept degrés à l’ombre !

Miss Violet ajoute :

— J’avais besoin de fraîcheur, Mona m’en a donné avec les rayons verts.

Ceci est une révélation. De nouveau, une heure de lucidité de la folle vient de produire le miracle scientifique. Les rayons verts distillent le froid. Elle a « frappé » la cabine, ainsi qu’une carafe.

Il n’a pas une parole. Chancelant, il marche vers la couchette, il s’abat sur les genoux et prenant la main que la jeune fille lui abandonne, il fond en larmes, murmurant :

— Sauvée ! Sauvée !