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MISS MOUSQUETERR.

— Amis nouveaux, dit-elle, consentez à attendre quelques jours. Je n’abuserai pas de votre patience. Vous n’avez fait qu’entrevoir la formidable association, à laquelle obéissaient les Masques Jaunes ; moi, j’ai vécu pendant des mois, au milieu de ces misérables. Ils sont des millions et des millions d’adeptes, ils sont partout, en tout lieu. Si nous livrons nos noms, soyez-en certains, ils seront aussitôt autour de nous ; nous aurons à craindre tout le monde, le facteur qui portera notre bagage, le domestique nous servant notre repas, le monsieur qui nous saluera, le matelot nous croisant. Je vous en conjure, accordez-moi quelques jours.

Comme tout à l’heure, miss Violet appuya aussitôt la prière de Sara.

— On vous accorde beaucoup de jours, chère aimable petite chose. Je vous suis si reconnaissante… Je dépérissais par l’ennui, et je suis, grâce à vous, en entraînement d’aventures tout à fait attractives et de grande sensation.

Puis, fixant sur Max ses doux regards bleus :

— Il ne manque rien à ma satisfaction. Je serais triste que vous ne soyez pas dans le même cas.

Lui ne répondit que par un sourire éloquent, Violet continua :

— Nous sommes donc tous d’accord.

By devil, non, pas moi ! Par les cornes de la Lune, je trouve très impédimentable ce hangar d’où il ne m’est point alloué de sortir !

Et personne ne prêtant attention à sa mauvaise humeur, Lobster s’éloigna du groupe pour aller s’asseoir près de l’une des solives qui soutenaient la toiture du hangar.

La journée s’avançait. Le soleil répandait une chaleur accablante sur la plaine. La plupart des soldats s’étaient mis à l’abri de ses rayons sous leurs tentes. Les factionnaires somnolaient appuyés sur leurs fusils. Sur les êtres et sur les choses pesait un accablement, une torpeur.