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MISS MOUSQUETERR.

Les portes s’ouvraient. Les voyageurs se montraient, drapés à la diable dans leurs robes de chambre, les pieds nus en des pantoufles. Ils s’interrogeaient anxieux, un peu effrayés.

— On a crié au voleur.

— Non, à l’assassin.

— À tous les deux.

— Un drame alors !

— Mais où ? Où donc ?

— On n’entend plus rien.

Comme pour ajouter au désarroi général, tout bruit avait cessé. Mais ce n’était là qu’une accalmie, car presque aussitôt un roulement formidable fit sursauter tout le monde. On frappait à coups redoublés le panneau d’une porte. Une voix d’homme hurlait des jurons, des menaces.

By devil ! Satan vous torde le cou comme un tire-bouchon !

— Au secours ! ripostait l’organe féminin.

— Lâchez la porte, oie ridicule ; vous n’aurez pas besoin d’appeler au secours.

— Vous n’entrerez pas !

— Je sortirai !

Puis un duo de jurons et d’appels éplorés. C’en était trop pour les nerfs sensibles des voyageurs. Tous s’encourageant les uns les autres se précipitèrent en corps dans la direction d’où partaient les cris.

Max suivit le mouvement. Au demeurant, il était aussi intrigué que les autres, bien qu’il se considérât comme l’auteur anonyme de tout le tumulte.

Seulement, il avait attendu un simple solo d’imprécations, lorsque le Masque Jaune s’apercevrait qu’il était enfermé dans un local qui ne semble pas affecté à une villégiature prolongée, et on lui servait un duo.

La troupe héroïque et frémissante s’avança dans le couloir du premier étage. Les clameurs redoublaient.

Une voix mâle rugissait à gauche du corridor, l’autre appelait à l’aide à droite.

Max comprit que sa corde avait fait deux victimes. Lorsque son prisonnier avait voulu sortir, il avait tiré la porte, et la secousse, de par le filin, s’était transmise à la porte d’en face, que lui, romancier, n’avait considérée que comme un simple point d’appui.

On conçoit le reste, le captif brutalisait sans le savoir deux portes à la fois.

L’habitante de la chambre, en vis-à-vis, avait été réveillée par le ballot-