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MISS MOUSQUETERR.

La surveillante lui fit signe de se taire.

— Non, vous n’y êtes pas encore. Tout à coup, M. le duc de la Roche-Sonnaille, qui n’avait encore rien dit, leva le bras. Il tenait un revolver. Le coup partit. Log roula sur le sol, le crâne fracassé, et M. Lucien s’écria : Dodekhan, je libère votre honneur. Vous avez protégé mes compatriotes au Tonkin, je paie la dette française avec ma vie.

— Brave duc !

— Et puis San hurle, appelle ; des bandits font irruption dans la salle, terrassent Dodekhan et son compagnon. Des poignards se lèvent.

— Oh ! les malheureuses femmes ; assister à l’égorgement de ceux qu’elles aiment.

— Pis que cela, Monsieur. L’écran s’éteignit subitement. Elles se trouvèrent en pleine obscurité. Une torpeur les annihila. Quand elles en sortirent, elles étaient au poste de police et Mme  Mona déraisonnait.

La surveillante se taisait maintenant. Max, le front appuyé sur sa main, demeurait sans mouvement, se remémorant le récif étrange, inattendu, qu’il venait d’entendre.

Il admirait les étranges voies qu’emprunte parfois le hasard.

Parce qu’un aimable calembour l’avait poussé à offrir des violettes à une petite miss de même nom, il avait, été amené à lire un vieux journal ; et à présent, il se trouvait lancé dans une inextricable aventure, menacé de mort par les inconnus Masques Jaunes, et profondément décidé malgré tout à joindre les fugitives, à leur offrir son concours, à les aider à retrouver les tombes des êtres chers, fauchés là-bas dans cette Inde auguste et troublante, sur cette terre du mystère où s’éveilla la voix de l’humanité.

Soudain il eut un sursaut, il promena autour de lui un regard vague, comme au sortir d’un rêve, et apercevant Mme  Marroy immobile, les yeux fixés sur lui :

— Chère Madame, lui dit-il, je vais rentrer à Marseille. Personne autre ne doit savoir ce que vous m’avez confié.

— Oh ! fit-elle avec une sorte de ferveur, je vous jure que je serai muette.

— J’en suis assuré. Vous m’avez guidé, j’ai désiré tout voir comme un curieux tout à fait digne de ce nom ; je vous ai parlé à deux ou trois reprises des fugitives, mais comme vous ne saviez absolument que ce qu’a révélé l’enquête, je n’ai pas insisté.

— Bien, mais pourquoi revenir sur elles ?

— Parce que je crains tout des Masques Jaunes. Et même si quelqu’un vous interrogeait et semblait prendre intérêt à ce que j’ai pu vous demander