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gènes ont une façon à eux d’exprimer la topographie d’une contrée.

Et puis, s’engager dans la forêt vierge sans avoir une direction précise est une opération téméraire à laquelle un chef de mission ne consent jamais à se livrer.

Grâce aux retranchements élevés, on avait l’avantage de la position.

Il était sage de le conserver.

Cependant l’impatience commençait à gagner tout le monde.

Heureusement on n’allait pas en souffrir longtemps.

Au matin du douzième jour, une escouade partit en reconnaissance vers le Nord.

Depuis une heure à peine elle avait disparu dans la forêt, quand un coup de feu retentit au loin.

Une exclamation sortit de toutes les poitrines.

Les tirailleurs sautèrent sur leurs armes.

En deux minutes, le retranchement fût garni de défenseurs.

Chaque créneau était occupé.

Les fusils, appuyés sur des liteaux posés à l’avance, menaçaient la plaine.

Toutes les distances ayant été repérées, les compagnons du commandant étaient certains que leur feu donnerait tout son effet utile.

Cependant, sous bois, le combat s’affirmait.

Des détonations retentissaient à intervalles plus ou moins longs.

Le son se rapprochait.

Évidemment la patrouille s’était heurtée à des forces supérieures, et elle battait en retraite.

Les yeux fixés sur la lisière du fourré, le commandant attendait.

Son âme était avec les braves gens qui, sous le couvert, combattaient, pour la grandeur française.

Une anxiété poignante se lisait dans son regard.

Il se demandait combien déjà étaient tombés sous les coups des noirs.

Il se représentait les blessés, restant en arrière, saisis par les guerriers sauvages, achevés à coups de sagaies, décapités.