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tenant… Morin… Mort !… Mort !… pour la… pour la…

Il ne peut prononcer le nom de la patrie. Sa voix s’étrangle dans sa gorge… Il a un râle profond, suprême… C’est fini.

Le lieutenant de vaisseau Morin n’est plus.

Le martyrologe de l’exploration africaine compte une victime de plus.

Les officiers, l’adjudant, les sergents pleurent, silencieux, ne trouvant pas une parole en face de cette mort affreuse.

Tous restent atterrés devant l’événement fatal qui les sépare d’un compagnon aimé.

Mais les heures sont brèves. La tâche à accomplir ne permet pas même les longs regrets.

Il faut songer à marcher en avant.

Il faut encore lutter, afin d’atteindre le but rêvé.

Sous la voûte des arbres, au bord du fleuve, une fosse est creusée.

Le corps de Morin, religieusement enveloppé dans les plis d’un pavillon, aux couleurs de cette France à laquelle il a donné sa vie, est déposé dans son dernier lit par ses compagnons d’armes.

Les honneurs militaires lui sont rendus.

Une croix faite de deux branches marque la place où repose le vaillant.

Puis, tous, avec un serrement de cœur s’éloignent de celui qui dort de l’éternel sommeil.

Il n’y a pas eu de discours, mais des sanglots ont secoué ces soldats.

Le capitaine Germain a prononcé la seule parole qui ait retenti au-dessus de cette tombe.

Et cette parole est tombée, cri d’héroïsme et d’abnégation, dans le silence troublant de la futaie.

Germain a dit doucement :

— Adieu, Morin… et peut-être bientôt : Au revoir !