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Et d’autres, d’autres encore passent, farandole joyeuse et fugitive du souvenir.

Marchand a grandi encore.

Il cherche sa voie.

Pour débuter, il entre comme clerc chez maître Blondel, notaire.

Encore un bon homme, ce notaire ; seulement il ne peut comprendre que son clerc ait horreur de rédiger des actes et qu’il préfère aller promener sa rêverie sur les rives verdoyantes de la Saône.

Non, décidément, Marchand n’est pas taillé pour le notariat.

Depuis quelques mois, il met des sous de côté.

Il achète des cartes, toujours de la même partie du monde.

Et le soir, dans sa chambre, à la clarté d’une petite lampe fumeuse, il reste penché sur ces papiers où est figurée la forme de l’Afrique.

On rirait bien dans le pays, si le jeune homme disait que le Continent noir exerce sur lui une attraction formidable.

Il regarde, il regarde encore.

Il apprend tout ce que l’on peut apprendre sur ces pays immenses.

Nul ne connaît comme lui, leurs montagnes, leurs immenses cours d’eau, leurs déserts.

Il a deux frères, l’un déjà grandet, l’autre tout petit, le petit qui viendra le recevoir sur le quai de Toulon au retour du grand voyage qu’il fera.

L’itinéraire n’est pas encore fixé dans son esprit, mais il a juré qu’il ferait l’expédition étonnante, riche en résultats pour cette France qu’il aime passionnément.

C’est à son cadet qu’il fait ses premières confidences.

L’enfant ne sait pas garder le secret.

Et Marchand revoit la scène où ses parents l’adjurent de ne pas se laisser emporter vers la chimère africaine.

Il y a dix-sept ans de cela.

À cette époque, l’idée d’un vaste empire africain était regardé comme une utopie irréalisable.

Et le jeune homme, ému par les prières, promet de ne pas se lancer de suite dans l’inconnu.

Dix-huit ans. Il s’engagera.

Le voici, petit soldat d’infanterie de marine.

La caserne et sa monotonie, les stations aux colonies avec