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VII

MARCHAND ET KITCHENER.



Le 19 septembre au matin, le commandant Marchand venait, selon sa coutume, d’inspecter les retranchements et les campements des divers fractions de sa petite troupe.

Il rentrait en suivant le rivage, regardant sa flottille amarrée le long de la berge, quand son attention fut éveillée par un petit vapeur portant à l’arrière un large pavillon anglais.

Que voulait dire cela ?

À pas précipités, il se rendit à sa demeure.

Devant la porte, gardé à vue en quelque sorte par le capitaine Mangin, se tenait un officier anglais, grand, blond, sec et raide.

— Mon commandant, fit seulement Mangin, une lettre pour vous.

Marchand toisa l’Anglais.

— Vous avez une lettre pour moi.

— Oui, répliqua le Saxon d’un ton cassant, une lettre du sirdar Kitchener, commandant en chef l’armée anglo-égyptienne, gouverneur général de tous les territoires baignés par le Nil.

Non moins sèchement, l’officier français répliqua :

— Sauf des provinces chilloukes et du Bahr-el-Ghazal sur lesquelles flotte le drapeau français.

L’Anglais s’inclina froidement et tendit au commandant la lettre dont l’enveloppe était ornée d’un large sceau.

Le commandant la prit, l’ouvrit d’un coup de pouce et, sans que son visage exprimât la moindre émotion, il lut les lignes suivantes :

Babiou, 18 septembre 1898.
Monsieur,

J’ai l’honneur de vous informer que, le 2 septembre, j’ai