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Est-ce que, malgré tout, le plan du chef derviche va s’exécuter jusqu’au bout.

Non. Le commandant veille.

D’un regard, il s’assure que les huit hommes, conduits par le sergent Bernard, tiennent toujours en échec la colonne que l’ennemi a jetée à terre en aval.

Sa physionomie s’éclaire.

Cette poignée de soldats fait son devoir avec une ardeur, une intelligence digne de tous les éloges.

Embusqués dans un champ de maïs qui dissimule leur petit nombre, ils font un feu d’enfer, se déplaçant sans cesse, donnant à l’adversaire l’impression d’une troupe dix fois plus nombreuse.

Les mahdistes n’ont pas avancé d’un pas.

Alors le commandant élève la voix :

— Cinquante hommes avec moi.

En un instant il les a autour de lui.

— Pas gymnastique, ordonne-t-il encore.

Les Soudanais jettent l’arme sur l’épaule et, le chef de la mission à leur tête, ils traversent Fachoda au pas de course.

Les voici de l’autre côté de la ville.

La flottille madhiste arrive. Elle prend ses dispositions pour débarquer.

Mais le détachement amené par Marchand ouvre le feu.

De nouveau les balles sifflent, s’abattent, ricochent au milieu des soldats du Khalife.

Les mouvements des canonnières deviennent indécis.

D’abord elles veulent remonter le courant, avec une allure plus accélérée.

Les balles françaises accompagnent le mouvement.

Stupéfait, déconcerté par cette résistance à laquelle il ne s’attendait pas, le marabout Aider commande de revenir en arrière.

Les vapeurs, les chalands virent sous la fusillade.

Le virage est terminé. Un cri de joie monte vers le ciel, les madhistes se croient sauvés.

Erreur.

La grêle de balles les poursuit.

Marchant en tirailleurs le long du rivage, les Soudanais