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Toutefois, en présence de l’assurance de Gouly qui s’en référait toujours à sa carte, ses compagnons et lui absorbèrent jusqu’à leur dernière goutte d’eau.

Et réconfortés par cette rasade, tous se mirent en route.

Cela alla bien jusque vers dix heures du matin.

La chaleur à ce moment devint tellement suffocante qu’il fallut s’arrêter.

La tente fut dressée et les quatre voyageurs s’y glissèrent en haletant.

Sous la toile, au moins, ils étaient à l’abri des rayons ardents du soleil.

Par exemple, ils y étouffaient.

L’air emprisonné dans la pyramide de toile avait la température d’un four, causant une transpiration abondante et brûlant les lèvres, les narines des explorateurs.


Avec cela la soif commençait à les tourmenter. Et ils n’avaient plus d’eau.

— Bah ! fit le lieutenant avec philosophie. Ce soir au plus tard nous arriverons au Bahr-el-Arab. Quelques heures ennuyeuses à passer, voilà tout.

Dès que l’ardeur du soleil décrût quelque peu, tous s’empressèrent de se remettre en marche.

Le mouvement leur semblait préférable à l’immobilité sous la tente, dans une atmosphère surchauffée de chaudière.

L’un des tirailleurs signala, vers six heures, une sorte de bourrelet herbeux qui se dressait au loin en travers de la route.

— Rivière, prononça-t-il.

Mais Fasch’aouda secoua énergiquement la tête :


— Non, non… pas di l’eau, non.

Cependant ses compagnons hâtant le pas, elle les suivit.

Après deux heures d’une course précipitée, ils arrivèrent au remblai remarqué par les noirs.

Ils l’escaladèrent en courant, atteignirent le sommet et eurent un cri de détresse.

Devant eux s’étendait bien le lit du Bahr-el-Arab, mais un lit desséché, craquelé, où il ne restait pas une goutte de l’eau qui y coule à pleins bords pendant la saison des pluies.

C’est un coup, un désespoir.