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peut faire avec nos tirailleurs sans qu’un seul songe à protester.

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Le 24, nous explorons un bras au Sud. C’est une impasse. Plus de doute, je suis bien dans le Ghazal ; mon levé est exact, et j’arrive au lac Nô.

Dans dix jours, huit peut-être, je serai à Fachoda, y trouverai-je les Anglais ?

Non.

— Je rencontre un habitant. Il parle l’arabe celui-là. C’est le premier.

— Y a-t-il des blancs sur le Nil ?

— Oui.

Quel coup. C’est un écroulement, échouer au but. Et je veux savoir, je reviens à mon homme.

— Où sont-ils ? À quelle distance.

Il ne sait pas, bien loin vers le Nord.

Sauvés ! de ses explications il résulte qu’il s’agit d’une armée… Les troupes qui opèrent contre les Derviches… Je puis revenir, et la perspective de repasser ce marais n’était pas rose pourtant.

Le 24, j’ai donc fait demi-tour.

Le 25, un jour de repos pour les hommes, et le 26, nous retournions sur nos pas.

J’avais fabriqué un aviron de queue, en guise de gouvernail, une voile avec deux couvertures ; le vent nous aiderait au moins à remonter le courant.

Je compris alors que le confluent, où nous avions été crevés par l’hippopotame, était celui du Bahr-el-Arab.

Un peu avant d’y repasser, je tuai un éléphant pour avoir quinze jours de vivres, et à l’Arab, je fis provision de bois puisque je savais ne pas en retrouver avant quinze jours.

Le 9 mars, je rentrais dans les marais du Soueh.

Le 13, j’arrivais au point où le chenal se rapproche un peu de la rive droite, quand je vois une pirogue de Djinquis sur le marais. Ils font des signes. J’arrête et ils me lancent une lettre de Largeau.

Le malheureux est à ma recherche depuis douze jours, longeant la limite sud de ce marais qu’il voit sans en connaître ni l’étendue, ni la nature ; il croit que le Soueh coule au milieu et me supplie de m’arrêter pour l’attendre.