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savait ce que son souvenir me donne de courage… Vous retrouver tous les deux, au bout de l’étape.

Hardi ! on va ramer.

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14 novembre 1897. — Ah ! mes enfants, quelle semaine nous venons de passer.

On est rentré à N’Boona. Et aussitôt toute la mission s’est mise en mouvement.

Fallait tracer dans la brousse une route de cent soixante kilomètres, pour permettre aux porteurs d’emmener la flottille démontée jusqu’à Kadialé.

Kadialé c’est l’endroit où le commandant avait reconnu que le Soueh devenait navigable.

Heureusement, pendant son absence, Baratier, à qui il avait remis le commandement, avait fait démonter les bateaux, et avait commencé le tracé de la route, en élargissant le sentier que nous avions frayé.

On ne se figure pas ce qu’on a abattu d’ouvrage avec deux cents tirailleurs et mille porteurs.

Décrire ça je ne saurais pas, faudrait être un savant pour tout dire.

Tantôt c’est la forêt épaisse qu’il s’agit d’éventrer.

Tantôt des petits ravins qu’il faut combler.

D’autres fois des rochers dans lesquels on doit creuser une trouée.

Alors on établit un fourneau de mine, et en avant la dynamite.

Pouf, un éclatement, comme un coup de tonnerre, une flamme. On regarde, il n’y a plus de rocher ; seulement ça serait imprudent de regarder de trop près, car le rocher éclaté retombe en monnaie.

Et puis, la route tracée, c’est épatant de voir la caravane s’y engager.

Les porteurs nus, sauf le petit tablier dont je t’ai parlé, avec une espèce de turban au sommet du crâne, sur lequel ils appuient les perches où sont attachées les forges, les pièces des embarcations, les charges.

Plus loin, les groupes qui portent les gros morceaux des vapeurs.

Six, huit noirs, par trois, par quatre de front, soutiennent