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Le capitaine a demandé à leur chef s’il ne pourrait nous vendre des volailles et des moutons et le nègre lui a répondu :

— Les Bradeiros (c’est le nom de leur peuplade) ne sont pas des gens qui creusent péniblement la terre. Ce sont des guerriers.

— Cela n’empêche pas de vendre des moutons, a repris le capitaine.

— Nous n’en avons pas.

— Ça, c’est une raison.

— Nous mangeons les animaux que nous tuons à la chasse, ou bien nos prisonniers de guerre. Si tu veux, je t’enverrai deux jeunes hommes… Ils ont dix-huit ans… très bons à manger.

Ce sont des anthropophages, et ils parlent d’absorber leur semblable comme nous de déguster un bifteck.

C’est égal, s’ils mangent tous les gars de dix-huit ans, il ne doit pas y en avoir lourd à la conscription. En voilà un système de recrutement !

Je n’ai pas besoin de te dire que le capitaine a refusé… ; mais ce qui était amusant, c’était la surprise du chef noir. Évidemment, il croyait faire là un joli cadeau, et il m’a paru qu’il s’en allait un peu vexé.

Vers quatre heures, le chaland est signalé. Il avance, il avance, et bientôt il a rejoint les pirogues.

Partout il a trouvé assez d’eau. Les vapeurs pourront passer.

19 août. — Aujourd’hui, on a eu un peu de mal. Le chaland s’est échoué sur un banc de vase.

On a travaillé trois heures à le renflouer. Enfin on y est arrivé tout de même.

Le capitaine Germain, pour que les bateaux de la mission n’éprouvent pas le même accident, a fait baliser la passe en eau profonde. Et puis on a continué.

Du 20 au 28 août. — Nous avons eu du tintouin et mon journal en a souffert.

Nos porteurs, bien qu’ils ne fassent à peu près rien en ce moment, avaient comploté de nous fausser compagnie. La nuit, ils se sont glissés hors du camp et ont filé vers l’Ouest.

On te leur a donné une chasse numéro un. Presque tous ont été ramenés.

Il parait qu’un sorcier, à l’avant-dernière halte, leur avait