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d’jaloué (longs jupons qui remplacent le pantalon) blancs, n’ayant d’attribut militaire que le solaco (casque de toile) orné d’un liseré noir, jaune et rouge, couleurs nationales belges.

Puis quelques Pahouins Sotos de la rive gauche, au torse nu, les hanches serrées par le caleçon large descendant à mi-cuisse.

Tous ces gens avaient des oreilles auxquelles il était inutile de confier ses sentiments secrets.

Aussi, M. Bright appliqua ses jumelles sur ses yeux et se remit à observer ce qui se passait de l’autre côté du fleuve.

Son attention d’ailleurs était justifiée.

Depuis la veille, la mission Marchand était concentrée à Brazzaville.

Ce n’avait pas été sans peine, et l’odyssée de la petite troupe avait été marqué par les pires tribulations.

Ayant quitté la France au mois de juin 1896, le commandant avait débarqué, le 23 juillet, à Loango.

Bientôt ses compagnons l’y avaient rejoint.

C’étaient les capitaines Baratier, Germain, Mangin ; les lieutenants Largeau et Gouly, le lieutenant de vaisseau Morin, l’enseigne Dyé, l’interprète Landeroin, le médecin de marine Emily et douze sous-officiers, parmi lesquels l’adjudant de Prat et le sergent Dal.

Une compagnie de tirailleurs sénégalais-soudanais, recrutée à Dakar, formait le gros de la mission.

À peine débarqué, le commandant se trouva aux prises avec de terribles difficultés.

Toute la région comprise entre Loango et Brazzaville (500 kilomètres) était en pleine insurrection.

Les tribus Boubous, Orougous, Inengas et Ivilis s’étaient soulevées, à la voix d’un chef, du nom de Mabiala Niganga.

Sans tarder cependant, on recruta des porteurs, le véhicule humain étant encore le seul moyen de transport dans cette région, dite civilisée, par comparaison avec les territoires que devaient traverser les explorateurs.

Mais les noirs infidèles abandonnèrent les cinq cents premières charges dans la forêt de Mayolabé.

Cette expérience démontrait l’impossibilité de gagner Brazzaville, point origine de la mission.

Marchand alors s’adressa au gouverneur, M. de Brazza