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— Ah çà ! Vous ne me comprenez donc pas ? grommela le gentleman.

L’Anglais l’apaisa du geste.

— Monsieur Defrance, reprit-il, vous avez reçu un câblogramme de miss Fleuriane vous indiquant le péril qu’il y aurait pour vous à la rencontrer en public.

— Pourquoi m’appelez-vous de ce nom ? balbutia l’homme, essayant encore de lutter contre celui qui entrait ainsi dans sa vie.

— Parce que tel est votre nom… Ne niez pas. Mlle  votre fille vous ressemble étonnamment ; du premier coup d’œil, je vous ai reconnu. Votre présence ici, à visage découvert, est une imprudence. Et comme je joue ma vie pour protéger la vôtre, je viens vous prier de renoncer à de pareils procédés.

Cette fois, le trusteur des corindons vulgaires garda le silence.

Ses yeux, de ce bleu étrange, scintillant sous les paupières de Fleuriane, se fixaient sur Dick, avec une expression d’indécision. Mais celui-ci continua :

— Pour la première fois de ma vie, je me rencontre avec un adversaire digne de moi. Pour la première fois, je n’ai pas la certitude du succès… Cependant je ne veux pas que miss Fleuriane…

Il se reprit vivement :

— Que vous-même succombiez… Or, si vous êtes vu, reconnu, la partie est perdue… et l’enjeu est trois existences humaines.

— Trois, répéta M. Defrance cédant à l’entraînement, trois. Je n’en compte que deux : la mienne, celle de ma pauvre enfant.

— Et la mienne, acheva doucement Dick. Je ne survivrai pas à…

Il allait dire : à Fleuriane, cela montait si naturellement de son cœur à ses lèvres !  Mais il se domina, et, au prix d’un héroïque effort, il termina :

— Je ne survivrais pas à un échec.

M. Defrance le regarda un instant avant de répliquer. Sur les lèvres du père de Fleuriane, passa un sympathique sourire. Puis, lentement :

— Bien… Vous avez peut-être raison, monsieur Dick Fann. Votre nom avait, traversé l’Atlantique avant vous. J’ai confiance. Que dois-je faire ?

— Disparaître, vous terrer, jusqu’à ce que j’aie fait