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cond convoyeur, répondant au nom de Davisse, appela le faux mécanicien, l’obligea à prendre un verre de cognac grande marque, sous le prétexte parfaitement vraisemblable que, l’union faisant la force, il serait bon que les équipes de la de Dion et de la Botera se prêtassent secours contre les difficultés terribles que l’on rencontrerait sur le parcours.

Dès le lendemain, le mécanicien de Fleuriane et l’ingénieur Botera s’entr’aidèrent pour le chargement de leurs machines respectives à bord du paquebot la Touraine. Le surlendemain, à dix heures, les deux équipes étaient embarquées, bien que le navire ne dût quitter le port qu’à midi, heure de la marée pleine.

Dick Fann, laissant son compagnon dans le salon des premières, furetait par tout le navire. Il semblait inquiet, dévisageait les passagers arrivant à bord, les commissionnaires chargés de colis, les amis ou parents venant donner le dernier adieu.

Vers onze heures trois quarts, en proie à une impatience que, malgré sa puissance sur lui-même, il ne parvenait pas à dissimuler complètement, il revint au salon. Fleuriane s’y trouvait avec, auprès d’elle, Patorne faisant les doux yeux à Victorien Larmette, engagé dans une grave conversation sur les voies et moyens d’accomplir autour du globe le formidable raid qui commençait à cette heure.

Soudain, un employé de chemin de fer, conduit par un matelot, se présenta à l’entrée du salon. Le matelot désigna Fleuriane.

Mlle  Defrance ? prononça son compagnon.

Et la jeune fille s’étant levée, en disant, avec un étonnement visible : « C’est moi ! » l’homme lui remit une caissette ficelée, ornée de cachets de cire, la pria d’apposer sa signature sur une feuille-récépissé, et s’éloigna aussitôt.

Or, tandis que la puissante sirène de la Touraine meuglait, appelant les passagers retardataires, Fleuriane ouvrait la caissette.

À l’intérieur, se trouvait une enveloppe contenant un papier couvert d’une grosse écriture épaisse et lourde. Au-dessous s’entassaient, pêle-mêle, une grande quantité de pierres.

— Des corindons communs ! laissa tomber dédaigneusement Larmette.

Dick Fann eût un tressaillement. Une pâleur s’é-