Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

déployés disant la nationalité des rivaux. Ici, c’était la machine Zust, abritée sous les couleurs italiennes ; puis venait la Protos, sous pavillon allemand ; la Thomas, déployant l’étamine étoilée des États-Unis ; puis venaient des voitures françaises, notamment une de Dion, trente chevaux, au-dessus de laquelle flottaient, réunis, les pavillons de France et du Canada. Fleuriane Defrance, Mme Patorne, Jean Brot occupaient cette voiture, que conduisait un chauffeur à grosses lunettes d’auto, dont les gens bien informés étaient seuls à savoir le nom : Frachay.

Enfin, fermant la marche, une machine énorme, volumineuse, aux apparaux étranges, inédits, sous les couleurs chiliennes.

On disait que la Botera, avec sa puissance de cent chevaux, avait été construite spécialement dans une usine sud-américaine, sur les plans d’un ingénieur qui venait d’étudier à fond les moyens d’assurer la mobilité parfaite des voitures automobiles dans les régions accidentées et neigeuses.

Trois personnages y avaient pris place. Le joaillier Larmette, victime quelques jours plus tôt d’un vol important, et dont le visage souriant ne laissait rien paraître des soucis que l’aventure lui devait causer. Puis un chauffeur, aussi emmitouflé que Frachay lui-même, et enfin un troisième personnage, attirant l’attention de la foule.

C’était un homme basané, un métis sud-américain, disait-on, le señor Botera, inventeur et créateur de la machine que l’on allait expérimenter durant le raid extraordinaire commençant à ce moment même.

Cependant, le cortège avançait, la foule s’écartant sur leur passage. Au milieu des acclamations, il parcourait les boulevards. Peu à peu, la masse des curieux devenait moins dense. La vitesse s’accélérait.

Les fortifications furent franchies, et sur la large route, libre maintenant, les voitures s’égrenèrent, les unes filant sur Rouen et Le Havre à une vitesse folle, semblant obéir à la griserie du départ ; les autres, plus paisibles d’allure, changeant fréquemment de vitesse, marquant des arrêts brusques, comme si les mécaniciens avaient cherché à se rendre compte des qualités des machines qu’ils espéraient conduire autour du monde.

Parmi ces dernières se trouvait l’automobile franco-