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— Oui. Tu vas me faire connaître le pourquoi de cette manœuvre ?

— Sans doute. Est-ce que je ne désire pas qu’à l’avenir tu aies toute confiance en moi.

D’un accent affectueux, il reprit après une courte pause :

— Les plaquettes fermant les armoires sont doublés. Un isolant que les radiations ne sauraient traverser ; puis une mince plaque métallique, qui elle, au contraire, n’oppose aucun obstacle au cheminement des radiations. L’électricité, bonne fille, va nous permettre de faire glisser les isolants, en démasquant les surfaces perméables aux radiations. Il me suffit de presser ce poussoir ménagé ici, le long du chambranle de la porte, et qui, si nous avions de la lumière, apparaîtrait comme le plus inoffensif bouton de sonnerie. À partir de ce moment, Dick Fann est soumis aux effluves du radium. Dans dix minutes, il commencera à sentir un picotement, un malaise général qui grandira de plus en plus, jusqu’à lui donner l’impression d’être environné de charbons ardents. Au jour, il sera mort après de terribles souffrances.

Il commençait déjà à redescendre les degrés. Une réflexion de Muller l’arrêta.

— Oui, mais qu’est-ce que nous ferons du cadavre ?

Ce fut un ricanement cruel et haletant, comme celui des hyènes, dans la nuit tiède du désert.

— Tu n’enchaînes pas les faits, mon pauvre Muller. N’as-tu pas fait apporter dans cette jolie maison doux touries, d’une contenance de cent litres chacune, la première remplie d’acide sulfurique, la seconde d’acide azotique ?

— Si, tu me l’avais prescrit ; mais je n’aperçois pas le rapport.

— Le rapport, le voici, puisqu’il faut tout te dire. Les tissus humains, déjà désagrégés dans une certaine mesure par le radium, se dissoudront jusqu’à la dernière parcelle dans les acides en question.

— Ah ! bah !

— Et les acides, neutralisés par leur combinaison avec ce qui aura été un détective, pourront sans inconvénient être déversés dans la canalisation du tout-à-l’égout, laquelle les conduira à la plus prochaine rivière… où les goujons gourmands s’apercevront seuls de leur présence, car ils auront encore assez de puissance nocive pour déterminer le trépas de ces intéressants vertébrés aquatiques.