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— Bon, fit Muller, pour tirer sur Dick Fann, il faut le joindre.

— Simple. Nous nous trouvons au rez-de-chaussée. J’ouvre la croisée, je l’enjambe : tu opères de même. Nous traversons la rue. La clef que tu as en poche te permet d’ouvrir la porte, et…

— Et le policier nous attendra derrière, car il nous aura vus…

La réflexion parut remplir le joaillier d’une gaieté sans mélange.

— Mon pauvre Muller, tu seras toujours un associé sur lequel on ne peut compter. Depuis huit jours, tu vis dans la maison du radium, et tu n’as pas remarqué ceci : De l’intérieur, les fenêtres closes, il est matériellement impossible de voir dans la rue. Les vitres sont dépolies. Cette fois, le complice du joaillier demeura bouchée bée.

C’était vrai. Il se souvenait à présent. Il s’était demandé pourquoi ces vitres opaques, rendant la surveillance de la rue absolument impraticable.

— En route, mon vieux camarade. Je crois bien que, cette fois, nous tenons la partie.

La croisée ouverte sans bruit, un coup d’œil au dehors pour reconnaître l’absence de tout être vivant dans la rue ; tous deux passèrent sur le trottoir. Sur la pointe des pieds ils traversèrent la chaussée, stoppèrent devant la porte de la maison du radium, prêtant l’oreille.

— Ouvre, j’ai mon revolver à la main. Ainsi, ne crains aucune surprise.

Muller ne songeait plus à discuter les ordres de son chef.

Délicatement, il introduisit une clef dans la serrure. La porte tourna sans bruit sur ses gonds.

Un bruit les rassura aussitôt ; on marchait à l’étage supérieur.

D’un bond, Larmette fut auprès de l’escalier et appuya la main sur la boule de cuivre qui surmontait l’origine de la rampe. Il y eut un vacarme de portes se fermant avec fracas au premier, puis plus rien.

— Il est en cage ! gronda joyeusement le joaillier.

— En cage ? répéta son complice avec ahurissement.

— Oui, mon brave Muller, je puis à présent te parler en toute confiance.

Et goguenard, parlant sans modérer les éclats de sa voix, dans l’orgueil du triomphe :