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Dans une salle voisine, le balancier d’un cartel promène sans fin son tic tac monotone.

— Minuit, grommelle Muller. Il ne viendra pas cette nuit.

— Silence ! nous dormirons dans la journée autant que nous le souhaiterons.

Dans la voix de Larmette sonne une inquiétude inavouée.

Minuit et demi ; une heure.

Les deux hommes ont des mouvements nerveux. Cette veillée dans l’ombre leur apparaît interminable, presque douloureuse. L’agacement fait monter à leurs oreilles des bourdonnements. À chaque instant, ils croient percevoir des bruits insolites. Ils se penchent, écartent même les rideaux.

Oh ! cette fois, ce n’est pas une erreur de leurs sens surexcités.

Un pas ferme claque sur le trottoir. Ils regardent encore. Leurs mains s’étreignent.

— C’est lui !

Ils ont reconnu Dick Fann.

Le policier passe sans s’arrêter devant la maison du radium.

— Où va-t-il donc ? murmurent les guetteurs déconcertés.

Mais ils comprennent bientôt. Le jeune homme atteint l’extrémité de la rue, explore attentivement l’avenue du Bois, puis il revient sur ses pas.

Larmette fait entendre un ricanement prudent :

— Malin, le Dick Fann. Il se défie d’une embuscade. Mais la nôtre est trop bien dressée. Il ne nous suppose pas si près de lui. Ah ! ah ! ah ! je crois que nous le tenons.

Il se tait.

Dick s’est rapproché.

À présent, il marche avec précaution. Ses semelles ne tintent plus sur le bitume.

Un Instant, il demeure immobile auprès de la porte.

Celle-ci s’ouvre. Il disparaît, le battant se refermant sur lui.

— Pincé ! gronde Larmette. Eh ! eh ! ce détective vous ouvre une porte comme un vrai cambrioleur. Tu t’es muni de ton revolver, ainsi que je te l’avais recommandé ?

— Sans doute ! mais en quoi cela sera-t-il utile ?

— Il faut tout prévoir. Si Dick Fann est sur ses gardes, eh bien ! nous en serons quitte pour une erreur. Nous l’aurons pris pour un voleur.