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— Les nihilistes devraient visiter les mines.

— Pourquoi ? Vous pensez qu’ils renonceraient à leurs tristes exploits ?

Bariatine haussa philosophiquement les épaules.

— S’ils renonceraient, je ne sais pas. C’est possible, quoiqu’à vrai dire, quand on est mal embarqué, on continue dans la même voie. Ce que je veux exprimer, c’est qu’ils ne se laisseraient jamais prendre. Un bon revolver, — il frappa violemment sur ses fontes — un bon revolver ne fait pas souffrir. Cette fin-là est moins laide que la mine.

Dick Fann avait tressailli. Un instant son regard interrogateur pesa sur l’officier, mais celui-ci passait déjà à une autre idée.

— Nous allons tourner l’enceinte. De l’autre côté, vous verrez notre résidence, et aussi le hangar où nous abritons notre aéroplane.

Au passage, il interpellait les cosaques de faction.

— Rien de nouveau, enfants ?

— Rien, lieutenant.

— À la bonne heure. C’est ce qu’il y a de mieux pour nos condamnés et pour nous-mêmes.

Étrange garçon en vérité. Son rire sonnait faux. Dans sa gaieté vibrait une inquiétude.

Maintenant les voyageurs distinguaient le poste de la sotnia, gardienne du troupeau des condamnés aux mines. Une grande maison de bois, aux fenêtres desquelles la coquetterie de jardinage, propre aux soldats de toute nation, avait réalisé le prodige de petits jardinets suspendus.

Une fleur, en ce district désolé, apparaissait plus merveilleuse que les parcs luxuriants des régions favorisées du soleil. La fleur et l’icône, tels sont les deux pôles autour desquels gravite l’âme simple du militaire russe.

L’arrivée de Bariatine mit en mouvement tous ses subordonnés.

Ils se précipitèrent à la tête des chevaux, se disputant l’honneur de les mener à l’écurie, construction basse adossée au hangar plus élevé que l’officier avait désigné comme étant la remise de l’aéroplane de la police.

— Moracz, ordonna Bariatine, le samovar bouillant dans cinq minutes. Autant de sourires du knout que de minutes de retard.

Et railleur :

— Mon cuisinier. Vous apprécierez ses mérites ce