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plus un mauvais camarade humain, car le fonctionnaire qui l’applique n’est point libre de la discuter.

Les curieux approuvèrent d’un hourra discret, avec tout autant de conviction qu’ils daubaient sur la police un instant plus tôt.

Et le sous-officier, reconnaissant du bon vouloir de ses prisonniers, les entraîna avec des égards tout à fait touchants.

En route, il crut devoir s’excuser de nouveau d’une consigne absolue ; il profita de l’occasion pour excuser aussi le ciel qui continuait à se répandre en cataractes sur la terre, et cette terre également, transformée en marécage.

Bref, tous parvinrent à la direction de la police dans les meilleures dispositions réciproques.

Là, le sergent s’excusa une dernière fois.

Il allait aviser M. le directeur de sa capture et solliciter ses ordres. Sur ce, il disparut, laissant les prisonniers sous la garde de ses subordonnés, dans une petite salle d’attente, meublée seulement de deux escabeaux.

Les gendarmes d’ailleurs, se modelant sur leur chef, indiquèrent lesdits escabeaux aux captifs en disant avec des mines aimables :

— Asseyez-vous donc, vous nous ferez honneur et plaisir.

— Ah ! merci, remarqua Jean Brot, ils sont plus aimables que les gendarmes de chez nous. Qui donc disait que la police russe est brutale ?

Brève fut l’attente. Le sous-officier reparut et d’une voix respectueuse :

— Son Excellence M. le général directeur attend ces messieurs.

Il s’effaçait, indiquant le chemin. Les voyageurs passèrent devant lui, parcoururent un petit couloir, au bout duquel une seconde porte ouverte invitait à entrer.

Et cette seconde baie franchie, ils se trouvèrent dans un bureau spacieux où trônait un homme d’une cinquantaine d’années, haut en couleur, la face élargie par les favoris à la Souwaroff. C’était M. le directeur de la police.

Son accueil fut des plus gracieux. On y sentait une admiration évidente pour le détective anglais. Les premières paroles ne laissèrent aucun doute sur ses sentiments.

— Asseyez-vous, messieurs… C’est en face de Son