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ses frissonnant comme sa personne, prêt à toutes les lâchetés pour racheter son existence, il supplie :

— Je devais obéir à M. Larmette. Ce n’est pas ma faute. Il commandait… Mais au fond, je n’approuvais pas. Seulement, c’est un terrible homme. Il broie qui lui résiste… Je vous dirai ce que vous voulez savoir. Vrai de vrai, quand j’ai inventé mon automobile-traîneau, et qu’il a fait les fonds de la fabrication, je ne savais pas quel maître tyrannique je me donnais ; sans cela, oh ! croyez-moi, j’aurais renoncé à mon œuvre. Oui, certes, j’aurais renoncé.

— Il fallait renoncer avant de livrer mon enfant à ce misérable.

C’est M. Defrance qui lance cette menaçante apostrophe.

Et se raccrochant à l’espoir d’éveiller la pitié de ceux dont il endort l’inquiétude, le Péruvien s’écrie :

— Oh ! elle n’est pas en danger de mort.

Le lâche a bien calculé. Les traits de ses ennemis s’éclairent.

— Pas en danger, dites-vous ? Vous savez donc les projets de votre complice ?

— Oui, et je vous les dévoilerai, si vous me faites grâce de la vie. Je vous aiderai à lutter contre lui…

Et ses auditeurs ne se donnant pas la peine de réprimer un mouvement de dégoût, il ajouta cyniquement :

— Tiens, pourquoi me laisse-t-il comme un chien sur la banquise ? Après tout, mon automobile lui a rendu assez de services. Il m’a trahi, je le trahirai, ce ne sera que justice.

Il débitait cela très vite, comme s’il avait craint d’être interrompu. Ses auditeurs le considéraient avec mépris. Il n’y prenait pas garde, tout à son désir de les persuader.

Enfin, Dick Fann laissa tomber ces mots :

— Tu vas répondre sans ambages, sans hésitation. Au moindre soupçon de mensonge, je te brûle la cervelle.

— Mais si je dis vrai, vous me ferez grâce… Oh ! je puis vous aider, allez, car je sais des choses…

— Sais-tu qui a ordonné de nous empoisonner, à Port-Clarence ?

La phrase jaillit nette, cinglante, des lèvres du détective-amateur.

Le Brésilien riposta par un sourire satisfait. Et il répliqua du tac au tac :

— Firino, bien sûr. M. Larmette, après votre