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aucun désir de jouir de la conversation du concierge, quelque honorable que soit, dans sa pensée, l’entretien dont il commençait à me gratifier. Escalier C. Nous y sommes.

Un étage escaladé en quelques sauts. La porte à droite, avec l’inscription signalée. Je frappe. On ne répond pas. J’ouvre.

C’est la salle où les élèves viennent apprendre la physique… la science sérieuse, s’entend ; pas la physique des prestidigitateurs.

Des gradins. Un long comptoir sur lequel se dressent des appareils bizarres en cuivre, en acier, une cuve emplie de mercure, une machine pneumatique ; des bobines électriques, etc., etc.

Derrière le comptoir une petite porte… Je refrappe. Cette fois on répond :

— Entrez.

J’obéis et, dans une seconde pièce, aux murs ornés de rayons, sur quoi s’alignent des instruments cocasses, des verreries aux formes inusitées, des flacons, je me trouve en présence d’un homme maigre, grisonnant, couvert d’une longue blouse de toile beige, et qui, les manches retroussées, tient, d’une main, une éprouvette où tremblote un liquide blanchâtre, et de l’autre, un verre conique empli de quelque chose de violet.

Il me toise à travers son binocle d’or.

— Vous désirez ?

— M. Flag, professeur de chimie.

— C’est moi. Après ?

Je le dérange, cet homme, cela se voit à son peu d’amabilité, mais j’ai le Sésame, ouvre-toi des bonnes volontés les plus récalcitrantes.

— M. le juge d’instruction Thomson m’envoie vers vous pour un renseignement que vous seul pouvez lui donner, à ce qu’il prétend.

— Ah ! ah ! il prétend cela !

La face du professeur s’est éclairée. Évidemment, il est flatté d’avoir été jugé seul capable de renseigner M. Thomson.

Est-ce drôle comme il est facile de rouler les gens en chatouillant leur vanité ? Ce professeur est bien plus malin que moi, je ne suis qu’un âne auprès de lui. Eh bien, je le prends à mon service, grâce à un tout petit mot élogieux.

— Que souhaite de moi M. le juge Thomson ?