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L’hésitation du policier rendit à Meulen sa présence d’esprit.

— Bon, il ne suffit pas d’accuser, il faut prouver… M. Dick Fann, si je ne me trompe, est un célèbre détective anglais…, cette fois, par exemple, il a fait une école.

— Diable ! diable ! grommela Greggson, parcouru par un frisson à la pensée de la gaffe possible.

Mais Dick souriait toujours.

— Mon cher monsieur Greggson, ne vous émotionnez pas. Il faut prouver, dit M. Meulen, prouvons donc.

Et, tranquillement :

— M. Meulen a coupé d’abord les manteaux de miss Marily et de Mrs. Doles, à la fameuse soirée où Hermann était de garde au vestiaire.

— Mais un agent est sans cesse resté en observation.

— Justement, cher monsieur, c’est ce qui m’a fait juger de suite que l’un, au moins, de ces agents avait été payé pour ne pas voir.

— C’est une accusation grave.

— Du roman ! persifla Meulen, bien que le ton rosé de sa peau se plaquât de tons verdâtres.

— Du roman vécu ! reprit imperturbablement Dick Fann ; je me suis assuré que ledit Hermann, nouvellement marié, avait fait un achat de bijoux, payé au comptant, que ni sa situation, ni celle de sa femme ne justifiaient.

— Hypothèses !

— Certitudes ! Attendez la fin. Le soir même du jour où vous m’entretîntes de l’affaire, cher monsieur Greggson, je me rendis chez Hermann, près de Jobin-Jay. Pendant ce temps, M. Meulen, ici présent, pénétrait par escalade dans le cabinet garde-robe de Mrs. Lodgers, et coupait l’ourlet du troisième manteau envoyé de Paris. Edith, qui attendait sa maîtresse, accourut au bruit. Elle reconnut le docteur, un familier de la maison. Un coup de couteau la réduisit au silence.

— Et c’est moi qui l’ai donné ? s’exclama le médecin avec un rire forcé.

— Parfaitement, cela aussi sera prouvé. Ayez patience. Vous vous souvenez, cher monsieur Greggson, que, le soir de ce crime, je vous remis dix notes à faire passer successivement dans les quotidiens et