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n’être point remarquée, sortit du château et s’enfonça dans le parc.

Elle portait, par une courroie passée en bandoulière, une sorte de sac plat en toile kaki, extrait de sa malle de cuir.

Ainsi chargée, elle atteignit la lisière du parc. Entre les arbres, elle apercevait le ruban poussiéreux de la route conduisant à la cité de New-Haven.

Elle s’assit sur la mousse, ouvrit le sac kaki, et en tira… une de ces bicyclettes démontables en usage dans les armées. Le cadre se replie sur des charnières. De même les roues. En trois minutes, Mathiesel, avec une dextérité démontrant qu’elle était une fervente du cyclisme, eut remonté l’appareil, fixé les écrous assurant la rigidité de la machine.

Alors, elle roula le sac, l’attacha sur le guidon, puis, gagnant la route et enfourchant la machine, se prit à pédaler gaillardement dans la direction de New-Haven. Tout en « buvant la route » comme disent les adeptes du sport, la jeune fille monologuait :

— Il faut presser le mouvement. J’ai hâte de laisser Stone-Hill, une hâte qui est faite de pressentiments… Oui… l’homme à la barbe fauve doit se trahir demain… Je le veux ; ou bien je lâcherai tout. Je n’y puis plus tenir. Mon anxiété est trop grande.

Quatre kilomètres ne sont rien pour une cycliste. En dix minutes, miss Mathiesel se trouva dans les rues coquettes de New-Haven. Elle piqua droit sur l’office central des Postes, Télégraphes et Téléphones.

Une fois là, elle rédigea une dépêche ainsi conçue :

« Directeur quotidien Herald, New-York.

« Nouvelle sensationnelle. Miss Mathiesel, de Stone-Hill, détenteur du quatrième et dernier manteau gris, dont les similaires ont défrayé la chronique criminelle, va fuir les dangers émanant de ce mystérieux vêtement. Après-demain, elle quittera notre cité, se dirigeant vers le sud. Vraisemblablement, elle compte gagner un port sur la mer des Antilles et s’embarquer pour l’Europe. Voilà à quoi une police incapable réduit une citoyenne libre des États-Unis.

« L’information, prise à Stone-Hill même, est certifiée absolument exacte.

« Votre correspondant,

« Mat. »