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La sentinelle, sur la vigilance de qui tout le monde comptait, s’était endormie tranquillement.

Mais, puissance de l’imagination, Mrs. Tolham et ses serviteurs ne connaissaient plus l’inquiétude. Mathiesel, miss Mathiesel, comme l’appelait le personnel avec une nuance de considération, employa du reste les journées suivantes en marches et contre-marches mystérieuses, qui ne firent qu’augmenter la sécurité des habitants de Stone-Hill-Castle.

On l’apercevait dans le jardin, inspectant le sol, cherchant les traces d’un invisible ennemi. Et quand elle disparaissait dans les massifs du parc, il se trouvait toujours quelqu’un pour murmurer :

— Cette Mathiesel a le courage d’une Amazone.

Le second jour, la vaillante femme de chambre lut les journaux avec intérêt. On remarqua qu’elle rêvait longuement en présence de certains articles. Lesquels ? On ne put le découvrir.

L’événement du jour était retracé en termes dithyrambiques.

C’était le départ sensationnel de miss Fleuriane Defrance, quittant New-York en automobile pour continuer l’héroïque randonnée autour du monde.

Les publicistes s’étendaient longuement sur sa beauté, sur la « respectabilité » de sa dame de compagnie, Mrs. Patorne, sur la physionomie éveillée de son groom Jean Brot, et l’impassible tenue au volant de direction de son wattman.

Seulement, il n’y avait rien là dedans qui pût motiver les réflexions de miss Mathiesel. Cela n’avait aucun rapport avec le coupeur de manteaux.

Les heures coulèrent, les nuits se succédèrent, alternant avec les jours.

Durant la cinquième période de vingt-quatre heures, les feuilles quotidiennes absorbèrent de nouveau l’attention de la valeureuse jeune fille.

Mais, pas plus que la première fois, on ne découvrit l’article provocateur de ses pensées.

Les différents concurrents de miss Fleuriane dans le match automobile autour du globe avaient à leur tour quitté New-York. La Botera, superbe machine de cent chevaux, et son propriétaire, Larmette, de Paris, avaient soulevé l’admiration américaine.

De toute évidence, ceci n’était point pour émouvoir l’héroïne de Stone-Hill.

Le huitième jour, par contre, on découvrit, par les