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de soie dans le foyer, le regarda se consumer, puis, lorsque les cendres légères se furent fendillées, réduites en poussière, il se frotta vigoureusement les mains.

— Plus de trace. Personne ne saura cela que moi. Rien n’avertira le criminel. À présent, il s’agit de ramener cette charmante Mrs. Lodgers à la conscience des choses.

Sur la tablette d’une délicieuse « coiffeuse » de modern-style, des flacons d’odeur s’alignaient. Dick en choisit un, et, s’agenouillant auprès de la jeune femme toujours inerte, il lui aspergea délicatement le front, les paupières et les mains.

Au bout de quelques minutes, la malade fut secouée par un frisson, une aspiration profonde souleva sa poitrine, ses yeux s’ouvrirent.

Sur ses traits passa une expression stupéfaite. Évidemment, le souvenir n’était pas encore ranimé en elle, et elle ne concevait pas comment il pouvait se faire qu’elle fût étendue sur le tapis, et que le détective fût agenouillé auprès d’elle, un flacon d’essence parfumée à la main.

— Madame, fit ce dernier d’une voix légère comme un souffle, veuillez vous rappeler… Edith ! le manteau !

Elle eut un cri étouffé. Ces seuls mots avaient ramené à sa mémoire l’horrible tableau devant lequel elle avait perdu le sentiment.

— Oh ! il faut appeler… au secours… la police, balbutia-t-elle en se soulevant avec effort.

Mais, tout en l’aidant à se relever, Dick murmura :

— Tout à l’heure, je vous en prie. Il faut que je vous parle d’abord.

— Que vous me parliez ?

Avant de répondre, il la fit asseoir dans un fauteuil auprès de la cheminée, où les flammes continuaient à pétiller gaiement. Et comme elle répétait d’une voix anxieuse :

— Vous voulez me parler…

— Et vous demander d’écrire une lettre.

— Une lettre ?

Les grands yeux de l’élégante lady s’ouvrirent démesurément.

— Mais pendant ce temps, ma pauvre Edith !… ne peut-on rien pour elle ?

L’Anglais secoua la tête :